Le pardon

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Le pardon est ce qui permet d’avancer.
Mais pardonner n’est pas oublier, parce que la mémoire est l’essence qui permet d’avancer plus efficacement.
On va me dire que c’est le savoir qui permet d’avancer, mais que serait le savoir sans la mémoire ? Il n’existerait pas !
Le savoir c’est l’expérience, le vécu, transmis de génération en génération, appris, et mis en pratique.
Regardez un Alzheimer. Il a beaucoup de savoir. Mais quand la mémoire disparaît, le savoir suit le même chemin.

Non, pardonner n’est pas oublier le mal qu’on nous a fait ! C’est s’en remettre à Dieu qui est le maître de la justice et de la rétribution (Romains 12-19 et Hébreux 10-30). Pardonner, c’est renoncer à la vengeance.

Mon père disait « Haïr n’est pas une solution, ignore ! ». Dieu sait qu’il avait raison ! Il vaut mieux répondre à la bassesse, à la trahison par le mépris et l’indifférence totale qu’en nourrissant un poison qui va vous pourrir la vie si on refuse de pardonner. On reste enfermé dans notre rancune en nous posant incessamment les mêmes questions : « Comment a-t-il pu me faire ça ? » ou « Pourquoi n’ai-je pas remarqué plus tôt ce qu’il se passait ? ». On ressasse le passé et cela peut nous tourmenter de manière obsessionnelle au point que vous en souffrez psychologiquement. Ça peut conduire à l’insomnie, à l’agitation, à la nervosité, à des maux de tête, voire à la dépression dans certains cas plus graves.
Et cependant, alors que nous nous prenons la tête avec ce poison qui nous envahit, le traître lui vit généralement paisiblement cette trahison. C’est nous-mêmes qui nous faisons du mal, et cela ajoute à la blessure qui nous a été faite. Au pire, le traître s’en réjouit.
Nous nous sentons dénigrés, trahis, voire humiliés, néanmoins, la capacité à pardonner est essentielle pour notre bien-être. C’est seulement après le pardon qu’on peut alors accepter le passé et se concentrer sereinement sur de nouvelles bases plus saines pour l’avenir.

Cela ne veut pas dire qu’il faut oublier. Pardonner, ce n’est ni validé ni excusé. Au contraire ! Quand on aime, on est capable de pardonner les fautes de l’autre, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’on oublie. C’est comme une plaie, même après la cicatrisation les traces demeurent et on n’y peut rien. Le pardon peut être total, mais pas l’oubli parce que la trahison, la maltraitance est un voile qui se lève pour nous révéler la vraie face de certaines personnes en qui nous avions confiance, mais des personnes qui ne méritaient pas cette confiance.

La vie n’est pas une partie de plaisir et l’on est confronté à toute sorte de personnes.
Des personnes avec des fonds foncièrement méchants.
Si vous montrez une once de faiblesse à ce genre de personnes (le pardon et l’oublie), alors elles abuseront de vous encore une fois.


Pardonner quand le pardon est nécessaire, mais ne jamais oublier. En nous souvenant, nous nous assurons que plus jamais une telle trahison ne nous meurtrira et nous en supprimons le risque, tout au moins au niveau de la personne responsable de cette blessure.

Pardonner n’est pas la chose la plus facile, loin de là !
D’autant qu’il est nécessaire de renvoyer à l’auteur de la trahison la culpabilité de ses actes, ce qui est un premier pas et permet d’apaiser un peu cette souffrance-là.
Le pardon n’est pas la réconciliation. Pour se réconcilier, il faut être au moins deux. On ne peut se réconcilier avec une personne qui ne souhaite plus vous rencontrer. Il n’est pas souhaitable, non plus, de se réconcilier avec une personne qui a abusé de vous dans le passé et ne semble pas s’être amendée.
La présence d’excuses sincères de la part de la personne qui a commis le tort constitue un élément de facilitation très important.

Le fait que l’acte négatif n’était pas réellement intentionnel joue également un rôle : on peut plus facilement pardonner un acte résultant d’un incident fortuit ou d’une négligence qu’un acte dont l’intention était délibérément nuisible.

Je parle ici de trahisons, de mauvais traitements, pas de l’impardonnable. Les crimes contre l’humanité, la maltraitance infantile, l’inceste, c’est encore différent… même s’il y a des gens capables de pardonner cet impardonnable.

Publié le 15 juin 2002 par Claude Cotard, sur « Femme militante ».

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